Mémoires d'un animateur

Cette nuit, j'ai rêvé. J'ai rêvé que je me trouvais dans une auberge, dans une quelconque partie du monde et que, dans cette auberge, il y avait un groupe d'enfants. Ce qui d'abord attira mon oreille fut leur accent. Cet accent, je le reconnaîtrais entre mille, c'est celui de mes parents, celui de ma famille, celui de mes origines. Alors je les observais et je me rendis compte que ces enfants, je les connaissais. Ils étaient plus grands, peut-être avaient-ils neuf ou dix ans. Je m'approchais de leurs animateurs pour voir si je pouvais leur parlais, et l'un des enfants me reconnut ou presque. Il me demanda si nous nous connaissions, je répondis que oui et que j'en reconnaissais d'autres aussi.

Un animateur vint me parler, je me présentai et lui expliquai que j'avais connu ces enfants qu'il accompagnait. D'autres enfants sont venus me voir, étrangement, certains purent mettre un nom sur mon visage (c'était un rêve ne l'oublions pas, une telle probabilité dans la vie réelle est presque impossible). Alors je leur dis qu'effectivement, je m'appelai Fred, que je me rappelais de certains de leurs prénoms, pas de tous hélas, et que certains, je me rappelais davantage de leurs caractères.

Il y avait Alyah, mais Aalyah, elle, n'était pas là. Et bien oui, la plus grande des deux, Aalyah 2A, est celle qui nous avait demandé de préciser à l'époque, pour qu'elle sache de qui nous parlions, 1A ou 2A. Il y avait Nicolas, aussi, le plus méchant des méchants de 5 ans qu'on eut vu dans un spectacle, mais attention, à côté de cela, c'était un gamin génial, dynamique et sportif, et pas méchant du tout. Parfois, il nous faisait des petits caprices, mais son sourire et sa bonne humeur, firent que nous ne lui en tenions point rigueur. Frédéric était là lui aussi. Il avait toujours était sympa et agréable et très simple. Les jumelles, je reconnus que je ne me rappelais pas leurs prénoms mais elles pouvaient être casse-pied parfois de ne rien vouloir faire. Quentin, le petit qui souriait tout le temps avec cette bouille sympathique, qui faisait que si on devait le gronder, on se disait qu'il ne fallait pas fléchir, mais toujours un peu avec regret...


Nous parlions ainsi de cet été-là, au centre aéré Françoise Mollard, dans la ville de Saint Denis, sur l'île de la Réunion. Les questions étaient en général du type "et, moi quand j’étais petit, j'étais comment ?" Au fil de la discussion les souvenirs revenaient.

Voilà comment je me revis, environs cinq ans et demi plutôt, le 15 juillet 2010, tout juste sorti de l'avion, faire mes premiers pas dans ce centre aéré. La structure était une école maternelle. On me présenta la directrice et son adjointe. Et, ni une ni deux, me voilà assis à une table avec les enfants. Je découvrit le principe de n'avoir pas d'enfant dans le dos pendant le repas. Les tables octogonales propres aux cantines de maternelles, permettaient cela très bien. On m'expliqua que l'intérêt était de pouvoir seconder la vigilance d'une autre table si un animateur devait se lever. Entre tant de bons repas que j'avais pu manger dans ce centre, je ne saurais dire quel était le menu du jour, mais c'était un régal. Après le repas, je revois encore la directrice entrer avec son air sévère dans la salle de mon groupe et demander le silence. Le ton était donné, c'était l'heure de la sieste pour tout le monde, même pour ce groupe âgé de 5 à 6 ans. La sieste, mon cauchemar d'animateur ; mais les règles étaient les règles.

De ce que je retins de cet été-là, ce fut la sécurité au cœur de l'activité. De mémoire, jamais jusque là, je n'avais prêté attention à cela : on créait une activité, tous les animateurs avaient un rôle, on faisait attention au terrain, et en cas de blessure l'animateur le plus proche ou celui qui était le moins indispensable s'occupait du blessé. L'encadrement était au point et dans les règles, à part les accidents, les dangers étaient limités au maximum. Ce qu'il manquait ? C'était un animateur dédié à la sécurité, déguisé aussi, mais ne prenant pas part pleinement au jeu afin de pouvoir se détacher à n'importe quel moment en cas de besoin.

Juillet-Août 2010, c'était aussi la découverte de ce qu'était un mini séjour et avec des 4/6 ans qui plus est... Pas facile, surtout pour la douche mais tout se passa très bien, et avantage selon moi, il y avait plus de filles que de garçons, du coup moins de garçons dont il fallait s'occuper et nous avions eu l'aide de leurs grands frères pour aller plus vite, et des animatrices. Bref, tout bénéfice pour les animateurs, moins drôle je pense pour les animatrices et la directrice.

Dortoir des garçons

Et la directrice ? On pourrait croire, selon ce qui a été dit plus haut qu'elle était méchante... Pas le moins du monde, très professionnelle et très ouverte. De plus, en ce qui concerne sa gestion, si j'étais un jour moi-même directeur, je reprendrais pas mal d'idées. Celle que je retiendrais particulièrement, c'est le "greffier", un animateur chargé de noter tout ce qui est évoqué lors de la réunion afin d'avoir un compte rendu, pour elle-même et pour les absents. A chaque réunion, le greffier changeait.

Avant d'aborder la rédaction de cet article, les idées semblaient claires et ordonnées, mais plus j'avance, plus les souvenirs se bousculent et il devient dur de garder une certaine cohérence dans la suite des idées. Ainsi, je terminerai ici, en remerciant encore tout ceux qui m'ont permis cette belle aventure. Patrick qui m'a fortement recommandé et qui je l'espère, n'aura pas regretté cela, Jasmine et Marie-Paul un très bon duo de direction, mes coéquipiers Sandrine et Dominique, et je n'oublierai pas Pierrette, non plus, l'animatrice des petits, ni Wanda. Enfin, merci aux enfants, car même si nous, animateurs, sommes là pour les faire rêver, très souvent, ce sont eux qui nous font rêver.

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