Le monstre
Longtemps je me suis imaginé comme un être attaché. Attaché par des chaînes. Des chaines invisibles. Invisibles mais nommées : Principes et Timidité, c'est ce que je croyais. Cet être emprisonné était plus fort, plus intrépide, plus plus en beaucoup de choses. S'il était libre, ma vie serait-elle bien plus différente, meilleure, moins bien ?
Ces principes et cette timidité, omniprésents, cherchant à faire au mieux, se télescopant parfois, se complétant d'autres fois. Des chaînes lourdes, pesantes, oppressantes. Une envie, les briser. Parfois dans une chimère héroïque cet être, cet autre moi si on peut l'appeler ainsi, arrive à se libérer, il réinvente le monde et m'offre l'illusion de ce que j'aimerais avoir. ou bien trop souvent avoir eu.
J'ai fini par me rendre compte que ces chaînes étant miennes, marquant ma propre limite il ne tenait qu'à moi de les rallonger, redéfinir les principes et découvrir une marge de manœuvre plus ample tout en restant en accord avec moi-même. Mais ces expériences ne durent que le temps qu'elles durent et comme la laisse rétractable d'un chien, les chaînes d'un coup se raccourcissent.
Et si comme ces personnages, Docteur Jekyll/Mister Hide, ou Bruce Banner/Hulk, chaque personne avait un monstre enfoui en lui, un double machiavélique enchaîné par ces principes et autres facteurs propres à chacun. Ce monstre toujours contrôlé, un jour libéré : aux oubliettes certains principes, certaines contraintes, redéfinir ce qui est bien ou trop bien pour soi, ce qui est mal a priori en quelques chose de pas si mauvais si on y regarde de plus près. Alors, ne penser qu'à soi serait normal, oubliant les pensées, les sentiments des gens qui nous entoure pour vivre, mais ne s'ouvrirait-il donc pas devant nous un nouveau monde, attrayant au début, bercé finalement par une solitude égocentrique ?
Le monstre est là quelque part, orgueilleux et sûr de lui, soufflant des idées qui l'espace d'un instant rendent puissant. Puissant ou non, il est toujours rattrapé par les chaînes plus ou moins longues, plus ou moins lourdes, plus ou moins rigides, qui font qu'un individu est ce qu'il est.
"Soy un tonto, pero un tonto que piensa..."
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