Le Mexique - Chapitre V - Disparitions, Manifestations et (Dés)Informations

26 Septembre 2014 : La disparition d'étudiants est signalée à Iguala. On apprend que le Maire de la ville est celui qui a ordonné l’exécution de ces étudiants. Il a fuit avec sa femme. Détail : le maire fait parti du PRI, le parti du président actuel, Enrique Peño Neta. Autant dire que ça fait tâche dans le décor politique.

Rubans verts et rubans noirs
De ce que je peux voir et entendre à Querétaro, les gens ont mis du temps à vraiment se sentir concerné et à entreprendre des actions visibles. Malgré l'indignation nationale, les premières manifestations ont été assez faibles au niveau médiatique. Des marches, quelques banderoles, des affiches, des petits groupes isolés passant dans des lieux bondés de monde, lisant des textes dans un haut-parleur où l'on comprend à peine ce qui est dit, à cause de la vitesse du texte énoncé et à cause de la qualité du haut-parleur lui-même. Ces mouvements sont majoritairement d'origine universitaire.

Au niveau de la fac ou je travaille, l'une des premières mesures fut la banalisation d'une journée de cours en soutien aux familles des étudiants disparus et aux étudiants eux-mêmes. "Ici, au Mexique, malheureusement quand on dit "disparus" ça veut dire qu'ils sont morts." Voilà une des phrases qui m'a été commentée.

Par la suite, des petits rubans verts ont été accrochés un peut partout autour du centre d'étude des licences de langue.

Banderoles de protestation au Campus Aeropuerto,
Universidad Autónoma de Querétaro
Cette semaine, c'est encore monté d'un cran, des banderoles affichées contre le président : "EPN no eres mi presidente", c'est ce qu'on pouvait lire. Hier, une consigne a été diffusée auprès des étudiants pour qu'ils viennent vêtus de noir. Des participants ont été réunis pour créer une vidéo manifestant leur mécontentement. Des rubans noirs ont rejoint les rubans verts et les banderoles ont envahi les bus de l'université. On pouvait entendre dans le bus quelques étudiants scander ce refrain par la fenêtre : "venga a verlo, venga venga a verlo, esto no es presidente, es una puta de cabaret" (Venez le voir, venez le voir, ce n'est pas un président, c'est une pute de cabaret). Qu'est-ce qui peut justifier ce slogan ? Certains pensent que le président actuel n'est qu'une marionnette au service d'un grand groupe de communication, manipulé : une belle figure rien de plus.

Aussi, peu importe où vous vous trouvez dans le monde, je suis sûr que vous avez vu ces images de la place appelée le Zocalo à Mexico DF, la capitale du Pays, où près de 3 000 personnes se sont regroupées pour manifester. Manifestation toujours en lien avec les tristes événements d'Iguala.

A côté de ça, un grand show a été monté. J'appelle ça un show car c'est l'impression que j'ai eu quand j'ai assisté je ne sais plus quel jour de la semaine à un discours du président qui plaidait la cause de sa femme. Déjà en France, ce type de technique médiatique est utilisé : des graves problèmes, on va concentré l'information sur un sujet moins importants mais en intensifiant son impact médiatique afin que les citoyens regardent ailleurs. C'est un peu beaucoup ce qu'il s'est passé ici. Pour résumer, la femme du président mexicain a été accusée de détournement de fond et d'avoir acquis une maison de façon purement illégale. De la le président a fait une intervention officielle proclamant l'innocence et l'honnêteté de sa femme, puis ce fut au tour de sa femme de s'exprimer dévoilant des "documents et des chiffres privés". Une façon de faire amende honorable peut-être, mais surtout une aberration, pourquoi n'est-ce pas une institution financière qui s'est chargée de cela ? Cela n'aurait-il pas été plus crédible ? Il semble que là encore, il y a une double visée : détourner l'attention des Mexicains des graves problèmes de la société entre autre des événements d'Iguala, et essayer de montrer que le président est honnête homme et respectable.

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