Le Mexique - Chapitre II : La conduite

On entend souvent dire : "A Marseille, les gens conduisent comme des tarés !", "A Paris, les gens conduisent comme des malades !". En arrivant à Séville, en Erasmus, puis plus tard, lors de mes années d'assistanats, je pensais avoir trouvé pire : limitation à 50 km/h mais minimum en ville 60 km/h. Les taxis n'en parlons pas. au passage piéton, on regarde le petit bonhomme et non pas, les feux, il passe au rouge, c'est bon les gars on démarre ! Après une journée passée dans la capitale mexicaine, j'ai revue à la baisse la folie des européens au moment de conduire. C'est soft, très soft... En comparaison, une voiture qui fait un excès de vitesse en Europe, c'est gentil. Je ne fais pas ici, soyez en sûrs une apologie de la mauvaise conduite. Ceux qui me connaissent, un peu à leur grand damne, sauront que respecter les vitesses est quelque chose que j'essaie d'appliquer au maximum.

Mais alors, comment conduit-on au Mexique ? Comme des fadas, on l'aura compris, mais encore ?
La première chose que nous relèverons ici est que le concept d'auto-école comparé à ce que nous connaissons en France est plutôt dérisoire. Nombre d'entre vous auront entendu l'expression ou un équivalent "Il a eu son permis dans un paquet Bonux"; j'ai envie de dire presque ! Les cours théoriques laissent très vite place à la pratique et si j'ai bien compris, on est très loin des trois mois d'attentes pour passer son permis. De façon extrêmement réductrice, on pourrait dire, qu'ici on ne passe pas son permis, on l'achète, ce qui doit être quand même un peu plus cher qu'une lessive Bonux.
Matin tranquille sur l'Avenida Zaragoza

De jour comme de nuit, par temps de pluie ou par beau temps, les accidents ne sont pas rares. C'est limites quand on monte dans une voiture si on se demande si on va arriver en vie à destination. Bien souvent oui, je vous rassure, mais quand on n'a pas l'habitude ça fait peur. Tant dans les bus qu'en voiture, en 2 semaines passées ici, je ne m'y suis toujours pas fait.

Une des choses qui peut surprendre au premier abord est de voir les conducteurs faire des petits signes avec leur main par la fenêtre. Il ne fait pas signe de passer, il ne salue personne, il indique seulement qu'il va tourner. La main supplée le clignotant. Il existe mais il est décoratif bien souvent. Ou peut-être est-ce une option payante. C'est bien pour tourner à gauche, mais pour tourner à droite ? Il faut espérer qu'il y ait un passager, sinon deux options : soit on doit deviner ce que fera le véhicule devant soi, soit, miracle, il y a usage du clignotant. Olé !

Un des passe-temps favoris des conducteurs mexicains est la conduite en trou de souris. Il y a le trou de souris classique, qui basiquement ressemble à une queue de poisson. Un petit espace sur la gauche ou sur la droite, on s'y engouffre, ça passe ou ça casse. Généralement ça passe ou ça passe son tour pour essayer juste derrière, parce que bien sûr on essaye de ne pas abîmer sa voiture, surtout quand on sait que l'assurance n'est pas chose obligatoire ici*. Le deuxième trou de souris est la conduite entre deux véhicules plus gros que le sien sur une trois voies. Le jeu semble être de prendre en sandwich au maximum la véhicule qui se trouve au milieu, sans le toucher, bien évidemment. Et le conducteur du milieu dans tout ça ? Lui aussi, c'est un joueur ! Voyant ces deux véhicule qui se coursent lorsqu'il s'agit de bus de deux compagnies différentes parcourant la même ligne, par exemple, le chauffeur de la petite voiture, voulant montrer qu'il en a et qu'il peut aller encore plus vite, va s'engouffrer au cœur du sandwich et montrer sa grande habileté. Bref, conduire au Mexique, faut pas croire, c'est sportif !

En parlant de sport, parlons des feux tricolores. Différence avec ceux que nous avons en France, ils sont horizontaux, influence étasunienne sans aucun doute. Ceci leur donne un aspect piste de course. Vroum, Vroum ! crissement de pneus et on y va ! J'avoue j'exagère, ça je ne l'ai pas encore vu, je dirai même de ce côté-là que les Mexicains sont plus sages que les Sévillans.

Si à Barcelone, les feux m'avaient surpris en étant placés après le passage piéton, ici, c'est encore plus surprenant, ils sont placés de l'autre côté de l'intersection. De mon point de vue européen français, c'est encore dur à concevoir. Mais bon, ça à l'air de marcher pour les gens d'ici.

Le piéton, pour lui c'est la galère ! Il n'est jamais vraiment sûr de pouvoir traverser en sécurité. Les feux, c'est bien des fois on s'arrête, mais comme dans beaucoup d'endroits dans le monde, c'est orange on accélère, c'est rouge, ben, d'accord, ça vient juste de passer au rouge, j'ai le temps de passer. Et quand vous voyez les flics collés à la circulation qui laissent passer ça... Ce doit être dans le code de la route (ou pas).

Dans mon cas particulier, je suis dans une zone assez éloignée du centre ville de Querétaro, et pour me rendre dans le centre, pas très évident, il faut passer au moins une autoroute (peut-être s'agit-il d'une voie rapide) quand ce n'est pas deux. Deux options, traverser "à la colombienne" pour reprendre les termes d'un Colombien que j'avais rencontré à Séville, ou traverser de manière sécurisée, aller à la recherche d'une passerelle piétonne. Et bien, un itinéraire à pied estimé à 34 minutes par Google Maps, devient très vite, un itinéraire de 45 minutes voire plus, si on veut éviter au maximum de se faire renverser.

Enfin bon, de deux choses l'une :
- je ne pense pas essayer de conduire au Mexique ;
- je risque de prendre le bus plus souvent que ce que je ne le pensais (ou le taxi).

Et tout ça, c'était sans parler de l'état des routes dans certains coins...

*Note : Il semblerait que finalement l'assurance soit obligatoire ici aussi, ce qui veut dire que la personne qui m'a affirmé cela soit n'est pas très bien renseignée, elle-même roulant avec une assurance, soit beaucoup de gens l'ignorent soit font comme si elle ne l'était pas...

Dans les faits, ce n'est que depuis le mardi 23 septembre 2014 que l'assurance est obligatoire pour les véhicules circulant sur les voies fédérales. autrement dit, en ville et tant que ce ne sont pas des routes fédérales, l'assurance n'est pas obligatoire (source: http://codiceinformativo.com/2014/09/entro-en-vigor-seguro-obligatorio-para-automoviles/) du moins, cela semble être le cas pour Querétaro.

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