La cour de récré

Tout petit, je détestais l'école au point d'y pleurer jusqu'à en vomir. Un jour, ma mère dut venir me chercher car ni la maîtresse, ni les tatas ne pouvaient me calmer. Et sur le chemin, elle me fit pleurer, encore et encore: « Puisque tu veux pleurer, pleure ! » Et si j'avais le malheur d'arrêter, elle me relançait de plus belle.

Je ne sais pas si ce jour-là en fût la cause, mais j'aime à croire que oui car depuis, j'ai adoré l'école, au point de préférer y aller aux vacances. Certes, il y avait le centre aéré, assez similaire cette histoire-là mais ce n'est pas le point ici.

A l'aube de la trentaine, une publication d'une très bonne amie qui mentionnait un camarade de classe de plusieurs années (du CE1 au CM1 et en 6ème et qui a perdu la vie dans un accident de moto)avec l'histoire qui leur est propre, qui ma fait pensé à cette période de l'enfance.

J'aimerais citer les noms mais j'ignore si cela est bienvenu, peut-être cela déplairait-il à mes anciens camarades de classe et amis du quartier. Mais ces lignes sont écrites avec le respect le plus sincère à ces chers et parfois mauvais souvenirs.

Moi

Quel titre égocentrique ! Enfant modèle en apparence, premier de la classe, tranquille. Mais aussi méchant comme peut l'être un enfant avec ses amis parfois. Profitant de l'étiquette de l'intello, il m'est arrivé parfois d'être menteur. Épisode qui m'a marqué, celui où, "en bas" nous jouions avec des amis, les meilleurs amis qu'on pouvait avoir à cette âge et que l'un deux, toucha sans faire exprès une crotte d'animal, de chien possiblement.

Et là, nous commençâmes à trouver cela dégueulasse, et profitant d'une remarque de l'un j'entrais dans le jeu du mensonge, inventant ce que mon cerveau créa comme la maladie de la marque jaune. Une maladie qui touchait qui entrait en contact avec du caca de chien et qui provoquait des marque jaunes sur les mains de la victime. Enfant, je ne connaissais pas le principe de plus le mensonge est gros, plus on y croit ; et pourtant, je n'en fis pas moins au mépris de mon ami. Je ne pensais pas que cela l'atteindrait autant -y avais-je seulement pensé un instant ?-, et quelques semaines ou mois plus tard, j'allais le découvrir dans la cours de récré.

Un jour qu'on l'accusa à tort de quelque chose que j'avais fait, sentiment de justice peut-être, culpabilité peut-être aussi, je ne pus laisser mon ami dans l'embarras et j'avouais à la classe que j'étais responsable. Et voilà que le poids de mon mensonge m'est retombé dessus. Jamais je ne l'avais vu aussi énervé contre moi, mais pouvais-je lui en vouloir ? Ce qui est certain, c'est que ce jour-là, notre amitié en avait pris un sacré coup.

Le CP

De cette période, je me rappelle davantage de la cours de récré. Power rangers, Sonic le Hérisson, les gendarmes et les voleurs... Cette cours où souvent les filles se crêpaient le chignon ou s'arrachaient littéralement les cheveux, où les garçons couraient derrière un ballon en mousse. A l'automne, période magique, un tapis de feuilles jaunies des mûriers domestiques, l'humidité d'une pluie récente, l'ingénuité d'enfants construisant leur savoir. Il y avait aussi les méchants ! Ils avaient un talent certain pour la méchanceté, du moins c'est ce que le regard de l'enfant a retenu. Les prémices d'une rancœur, d'une haine animée par l'incompréhension. Dernière année à l'école de la Cayolle, bientôt de nouveaux méchants.

La Classe de la Cayolle

École primaire de Granados : la classe de la Cayolle. Période aux sentiments confus entre génialité et étiquettes. Difficile de ne pas nommer M.Dupré qui nous a tant appris et qui a eu tant de patience avec nous. Je lui dois, ente autres choses, la capacité à dessiner, peut-être aussi le goût pour l'enseignement. Plusieurs années successives comme professeur d'une classe double, parfois acceptée, souvent presque paria dans cette école qui nous recevait. 

« VANDALES »

Un mot fort pour des enfants, pourquoi ? Parce que ce mot était adressé à notre classe : « Mais, je n'y suis pour rien, moi. Pourquoi on me traite de vandale ? ». Question que beaucoup d'entre nous nous sommes certainement posés. Mais les fait étaient là, un matin nous arrivâmes dans le couloir du deuxième étage, cette belle planète géante aux couleurs rouges-orangées était déchirée, vandalisée. Un projet d'une autre classede CM1 ou CM2. Il est fort possible que ce fut l'acte de quelqu'un de la classe, mais peut-être que non, je n'ai pas le souvenir qu'un coupable ait été dénoncé, mais les doigts pointaient sur nous.

Le Français dans la classe d'Arabes

Dans la classe de la Cayolle, j'étais « l'intello », le « cheveux de mouton », celui qui mange du porc, celui dont le coiffeur était mort. Aux yeux de tous ? Heureusement non, seulement de ceux qui nous précédaient d'un an (enfin quelques-uns d'entre eux). Cependant, j'ai appris, grâce à eux, le laisser parler, à recevoir les insultes et les voir se briser sur un mur de non-sens et d'indifférence, car au final, l'insulte n'atteint que celui ou celle qui la prend à cœur.

Pour être digne de respect dans cette classe, il fallait être bon au foot ! Car à la récré, la classe de la Cayolle dominait sans conteste le terrain, la majorité de mes camarades faisant parti du Club du quartier. Moi, j'étais plutôt cabane, tunnel dans le bac à sable originalement conçu pour le saut en longueur. D'ailleurs, c'est un peu là qu'on se retrouvait, nous qui n'aimions pas le foot ou ceux dont on ne voulait pas dans aucune équipe de foot pour être considérés comme trop nuls.

Pourtant, je retiens également une chose. Ces mêmes aînés qui m'affublaient de sobriquets et de nom en tout genre, n'en vinrent jamais aux mains. Il y a même eu des situations ou j'entrais sous leur protectorat. - On parle d'enfants ici, pas de gangs ni rien -.

Aujourd'hui, c'est respect anonyme de ceux qui se connaissent, se reconnaissent mais dont les chemins se sont séparés.

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La récré des amis, adieux amis

Mais la récré, je l'attendais aussi. L'occasion de voir mon meilleur ami qui allait dans cette école et jouer ensemble, construire des cabanes ou des planques visibles dont l'imagination comblait les lacunes.

La première année dans cette nouvelle école, il y avait ma meilleure amie de maternelle que je voulais vraiment revoir, bizarrement, je me rappelle avoir été secoué par sa réaction. Tout naïf que j'étais, c'était comme si elle ne me connaissait pas ou plus. De là, je ne lui adresserais plus la parole jusqu'à l'université.

CM1, dernière année à Granados dans la classe de La Cayolle, du jour au lendemain, je perdais une amie, la même que je mentionnais au début de cet article, sans jamais avoir su pourquoi. C'était mon amie d'en bas, une des premières, peut-être la première. Si j'eus été vulgaire en ce temps-là, j'aurais dit que j'étais resté con de ne pas savoir ce qui s'était passé. J'avais essayé de savoir par personne interposée, mais en vain. Heureusement, en 6ème, le Médecin malgré lui, d'une part, et une amie commune d'autre part, permit que nous nous reparlions et redevenions amis.

A mes amis et camarades de classe d'alors.

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