Séville, plus qu'une destination, une ville d'adoption...
Plaza de España |
On pourrait penser que cet article n'est que la traduction du précédent appelé Sevilla, no la llaman maravilla para nada, une réécriture, mais non. Si antérieurement je vous présentais Séville depuis ma perspective espagnole, cette fois, je vous la présente depuis mon point de vue français. Bien sûr, les deux articles ne sont pas sans lien.
Séville, c'est trois années de ma vie, trois expériences, trois vécus similaires et si différents à la fois. Pour commencer, je dirais que l'année que j'y ai passé en Erasmus a marqué mes premiers pas dans le monde des grands, dans le monde des gens indépendants. Pas de papa, maman, pour nous dire quoi faire ou encore pour faire les choses à notre place. C'est vraiment réapprendre à vivre, ou simplement apprendre à vire.
1500 c'est environs le nombre de kilomètres entre Séville et Marseille (par la route). C'est aussi la distance entre mon domicile familial et la ville qui allait devenir la ville où je veux vivre.
Pont de San Telmo |
Première expérience de la nouvelle ville, la colocation avec un Colombien et un Dominicain, il n'y a pas à dire, pour parler espagnol à la maison, il n'y avait pas contexte plus favorable. Ça commençait bien, pas entouré de français, l'Erasmus idéal. Mais très vite, cela a changé, sans vraiment le chercher et sans comprendre comment, je me suis retrouvé entouré de français, la Famille Erasmus. En même temps, peut-on me blâmer de n'avoir pas ignoré toutes ces personnes aussi géniales les unes que les autres ? Certes, je parlerais moins espagnol que ce que j'avais bien pu espérer et imaginer avant de partir, mais je vivrais l'une des plus belles expériences humaines de mes 25 premières années.
Mes impressions d'alors, pas facile de les retrouver tant il y a d'impressions accumulées après trois années... Une chose est sûre, la faculté, l'ancienne usine de tabac, était vraiment plus belle que la faculté d'Aix ; comme j'étais content d'y passer ma troisième année de licence au lieu de devoir faire les aller-retour entre Aix et Marseille.
Erasmus = Fiesta tous les jours ? Oui et non, c'est un savant mélange entre fiesta et études du moins quand on a un minimum de sens des responsabilités. Où vivais-je ? Dans le quartier appelé Tiro de Línea, non loin du Porvenir. Son avantage : a proximité de Alcampo (=Auchan) où je trouvai tout ce qu'il me fallait pour manger presque comme à la maison, mais aussi, Mercadona pas loin. Inconvénient: 30 minutes à pied du centre, et à 50 des appartements de mes amis qui eux habitaient au fin fond de Triana.
Dans le Quartier Santa Cruz |
Le centre ville, une vraie merveille. Un espace piéton très vaste ou seul passe le tramway, la Catédrale de Séville et sa Giralda, les Reales Alcazares,... Las calles Sierpes et Tetuán, la Plaza Nueva y el Ayuntamiento... Le quartier Santa Cruz... Des lieux incontournables !
Le botellón, cette "tradition" espagnole qu'il fallait absolument connaître. Quelle désillusion ! A vrai dire, je mourrais d'envie de savoir ce que c'était... de mon point de vue, rien d'exceptionnel, on boit on parle... Mais quand on est timide et qu'on ne parle pas ou peu, très vite, on s'y ennuie...
Pavillon Mudejar, Parc María Luisa |
Le parc María Luisa et la Plaza de España (Place d'Espagne). MA-GNI-FI-QUE ! Je ne m'en suis jamais lassé. Le pavillon Mudéjar se reflétant dans la fontaine de la Plaza de América, de jour comme de nuit.
Trois ans plus tard, je revenais à Séville non plus en tant qu'Erasmus mais en tant qu'assistant de français dans le lycée Fernando de Herrera. Mon rapport à la ville à complètement changé. J'ai directement perçu des différences entre Erasmus et l'Assistanat. L'assistant ne rencontrera pas aussi facilement des gens qu'un Erasmus qui va partager des cours avec ses pairs. Cela dit, ce n'était pas plus mal. Un an plus tôt, à Aix, je rencontrais María, Sévillane, et je la retrouvai l'année suivante dans sa ville, immersion dans la vie espagnole réussie ! Grâce à elle, ma petite sœur. Avec ses amis, j'ai découvert que la bière ça pouvait se boire... Je n'aime toujours pas ça, mais j'arrive à en boire... c'était un apprentissage presque forcé, c'est l'effet CRUZCAMPO quoi...
Cette année-là, l'année dernière donc, je m'inscrivais pour la première fois à la Salsa, dans l'académie Muévete, dans cette salle qui deviendrait ma seconde maison l'année suivante, Ohana. J'aimais bien la salsa, mais je n'osais pas danser dans les fiesta parce que je n'avais pas le niveau, pourtant je montais les niveaux. Ah ça oui... Mais le résultat était là, à brûler les étapes, on reste médiocre. Le dernier mois, je connus un groupe de salseros, et je commençais avec eux la bachata. Au début, je m'en souviens, je ne pensais pas m'inscrire, jamais, au grand jamais en cours de bachata, bien trop corps à corps à mon goût ! Et me voilà, un an plus tard, enchaînant les heures au lycée et les heures à Ohana, qui depuis peu, s'est déplacé au 30yTantos. Enfin, j'enchainais les heures, c'est relatif ! J'ai vraiment profité de la "Tarifa Plana" (cours à volonté disons) jusqu'au mois d'avril où le temps 100% salsero-bachatero a viré au gris : quelle idée que de s'être inscrit en formation à distance... réduction des heures de salsa, et augmentation des heures d'études. Heureusement, mes collègues de travail avec qui je collaborais m'ont appuyé pour que je puisse terminer les dossiers dans les temps.
Toutefois, la deuxième année d'assistanat était un différente de la première, ayant en tête que je pourrais ne plus revenir à Séville pour la prochaine année scolaire, j'ai essayé d'éviter de connaître des gens, quelle bêtise ! j'ai fini par les connaître, mes camarades de salsa, un peu tard... je ne m'étais pas rendu compte jusqu'à il y a quelques semaines que j'avais appris à dire "au revoir".
Plaza de España |
Les années passent et ne se ressemblent pas et pourtant, elles ont en commun de se terminer beaucoup trop vite, les semaines ressemblent à des heures, et l'intensité de leur passage n'en est que plus grande.
J'ai connu la Plaza de la Encarnación en construction, c'était moche... même la construction en soit avait l'air moche à la base, c'est maintenant l'un des endroits les plus populaires de Séville, et l'architecture semble faire parti du décor depuis longtemps. J'ai vu la Plaza de España en cours de rénovation, trois ans plus tard, elle resplendissait plus que jamais, ouvrant ses deux bras vers le nouveau monde.
Vue sur le Guadalquivir et la Giralda |
Ces deux dernières années, je vivais à Triana, changement radical de localisation, plus proche du centre, plus près de tout, enfin de tout, j'ai dû m'habituer à ne plus avoir Alcampo à portée de main... Mais le cadre de vie trianero n'a pas son pareil. Quartier calme et populaire à la fois, le tout est de bien choisir sa zone... La Sevici (connu généralement en France sous le terme de Velib')aussi a changé ma vie, les distances semblaient bien plus courte que le temps où je ne me déplaçais qu'à pied en Erasmus.
Portada de la Feria, 2014 |
Vous me direz certainement, tu nous parles de Séville, mais tu n'oublies pas quelque chose ? Bien sûr la Semaine Sainte et la Feria.
Pour être honnête je ne suis pas très fan de la Semana Santa. De mon point de vue, c'est plus une manifestation religieuse qui à certaines heures et pendant une semaine bloque certaines rues et donc des parties de la ville. On remarquera aussi, que jamais les magasins de proximités ne voient leurs stocks de bière à un niveau aussi bas que durant cette période, je dis ça, je ne dis rien. Mais, je dois admettre que c'est une chose à voir au moins une fois si on à l'occasion de passer à Séville à cette période.
La feria, que c'était nul en Erasmus, je n'étais pas fan du tout ! En même temps quand on ne connait personne, c'est comme passer son temps dans un botellón. Toutefois, y aller pendant la journée c'était impressionnant, les chevaux, les filles en tenue de flamenca,... une élégance à couper le souffle... un voyage dans le temps, un village éphémère hors du temps.
Ces deux dernières années ont marqué un changement radical dans ma vision de la feria, avec María et Andrés, Nadège, Francesca et Charlène... et les professeurs du lycée... Et cette année après avoir appris pendant deux mois à danser les sévillanes, il n'y a pas à dire, j'ai vécu la feria "a tope".
Après tant d'aventures, comment ne pas tomber amoureux de cette ville ? Une lumière incomparable, une chaleur impressionnante, un froid imprévisible, des gens qui parlent (fort), une ville qui vit à toute heure de la journée, enfin quand ce n'est pas heure de sieste en raison de fortes chaleurs...
J'ignore ce que l'avenir me réserve, mais si l'occasion se représente de retourner à Séville, je signe de suite ! Mais en attendant, l'été doit passer, et une nouvelle page s'ouvrira : Le Méxique !
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